GUIDE DE HAUTE MONTAGNE

vendredi 13 juin 2014

Beau libre à la Pena Montanesa

Cela fait déjà quelques temps qu'avec Bruno on avait décidé de se faire une escapade grimpe. Comme d'habitude, la météo nous met des bâtons dans les roues avec de grosses chaleurs prévues. En vallée, il fait trop chaud, et en montagne c'est orageux... On opte donc pour la Pena Montanesa et son superbe rocher compact. C'est un peu en altitude (1800 m) et suffisamment éloigné de la chaîne. L'orientation ouest d'un secteur récemment développé nous garanti de l'ombre jusqu'en début d'après midi.

On est assez tenté par une voie ouverte par Christian Ravier, Martin Elias et Rémi Labourie, trois spécialistes de l'ouverture à la réputation sulfureuse." Sin casa, ni perro, ni jardin" propose une escalade engagée (7a obligatoire) avec un minimum de protections en place. On sait que ça va être sérieux et que nos nerfs vont être mis à rude épreuve...

Comme il est impensable de grimper dans ce genre de voie ultra exigeante au chaud, on entend bien profiter un maximum de l'ombre du matin et on fait sonner le réveil à 4 h... La marche d'approche de nuit est un peu fastidieuse mais finalement assez bien tracée et indiquée ce qui nous permet en 1h15 d'arriver au pied du mur.



J'attaque la première longueur, il est 6h45 c'est parfait, il fait encore (un peu...) frais.

Départ en grimpant dans l'arbre mort...
Ces 50 premiers mètre en 6b, finissent de me réveiller... Bruno  repart illico dans L2, 50 m aussi et un 6b+ bien tassé.. On est dans le 6 et on trouve déjà que c'est pas facile, ça promet...

Bruno au départ de L2
Le haut de L2, c'est raide et compact...
On arrive donc au pied de la première longueur dure en 7a+, les choses sérieuses commencent...

Départ de L3, il faut s'énerver d'entrée de jeu...
Le départ est très pêchu, mais ça se calme assez vite avec une petite marche qui permet de faire baisser la tension, de se protéger et d'observer la suite...
Au dessus c'est légèrement déversant sur un rocher gris sculpté et magnifique jusqu'à un spit en place qui me fait penser à un bouée de sauvetage au milieu d'un océan... Finalement, de bonnes prises permettent de l'atteindre sans trop d’encombre.
Cette longueur a été surnommée "la dalle de la solitude" et je ne vais pas tarder à comprendre pourquoi...
Après le spit, ça continue quelques mètres en dévers puis un réta me mène dans une zone couchée et plutôt lisse sans aucunes possibilité de me protéger. Le dit spit est déjà quelques mètres sous mes pied et il s'agit de garder la tête froide dans ce final technique sur les pieds avec pas grand chose dans les mains...

La longueur suivante est pour Bruno et sera du même acabit avec une arrivée au relais riche en émotion très loin au dessus du dernier point ! 

Bruno dans L4"la placa erasmus"
La sortie depuis R4, ça grimpe et le dernier spit loin en dessous...
L5 sera beaucoup plus humaine que les deux longueurs précédentes avec un départ un peu bloc mais bien protégé.


La suite de la longueur est vraiment magnifique sur un rocher gris d'anthologie ! Le soleil commence à arriver mais il y a aussi des thermiques qui se mettent en place et il ne fait pas trop chaud.



Bruno se paye la dernière longueur, là aussi bien dure dès le départ avec des trous coupants où il ne faut pas mollir et une suite plus cool typée fissure.


Nous  atteignions ce qui est en fait le dernier relais de la voie de droite "El senor de hielo", il n'est même pas 14 H.
Elle a été ouverte récemment et nous allons en profiter pour descendre dedans en rappel. Au passage, on jette un coup d'oeil sur les longueur et ça à l'air vraiment superbe ! Pourquoi pas en faire notre projet du lendemain ? En plus, on se dit que cela nous évitera de refaire une approche chargée si on laisse tout notre matériel au pied. La descente se fait sous une chaleur accablante et on ne regrette pas notre choix de levé tôt...


Le lendemain matin, même programme, même punition... J'attaque L1 à 6H30

Bruno en fin de L1
Bruno part dans le 6c+ de L2 et c'est vraiment la classe ! C'est bien raide avec de bonnes prises. On se croirait à Ordesa.



La fin de L2, superbe !
La longueur du dessus est un peu bizarre (en plus d'être la plus dure annoncé sur de topo...). En fait, après un premier spit au dessus du relais, la longueur se sépare en deux variantes... Je pars, mais ne sais pas vraiment dans laquelle je vais aller... Assez vite, au vu du rocher bien péteux, je m'arrête sur un point... Je grimpe donc la suite point à point en repérant les prises (celle qui tiennent...), où mettre les pieds... Je me dis que si ça vaut le coup, Bruno me redescendra et j'essayerais d'enchaîner. Ben non, ça valait pas le coup... Je tombe sur une section complétement lisse ou je ne vois pas comment cela peut passer en libre. Un peu interloqué par la cotation annoncé (peut être des prises qui ont cassées...) je laisse tomber, rejoins vite R3 pour profiter de l'ombre et du frais dans les longueurs du dessus qui ont l'air beaucoup plus belles !

Départ de L3

Arrivée de Bruno à R3
On enchaîne par deux longueur de 6c/6c+ sur un rocher gris magnifique. Ce n'est pas très raide, l'escalade est engagée, tout en équilibre et en subtilité.



Arrivée à R4
L5
Nous arrivons au pied de L6 qui descendue en rappel la veille nous avait parue vraiment pas évidente. Le dièdre médian m'impose une escalade aléatoire et toute en contorsion dont l'enchaînement va me coûter quelques cris et halètement... Cette portion est par contre bien équipée. La suite reste continue le long d'une magnifique fissure se protégeant bien.



Le haut de cette longueur en 7a+ d'anthologie !
Bruno attaque l'avant dernière longueur avant que le soleil ne soit sur nous. Il va faire parler sa grande expérience dans ce 7b vraiment pur, sur d'abominables verticales, les pieds à plat. Encore une longueur incroyable où la beauté du rocher n'a d'égal que la difficulté de celle ci !

Bruno au départ de L7, jusque là tout va bien, c'est après que ça ce gâte !!!
Je termine avec le dernier 6c+ qui remonte une suite de fissures tout en continuité et vraiment magnifique.



On se retrouve au même relais que la veille, il est 14 h et on se délecte de cette escalade sur un rocher de rêve, notre entente mutuelle nous ayant permis de donner le meilleur de nous même dans toutes ces belles longueurs...
Le ciel se couvre et deviens gris, il est temps de tirer les rappels gazeux qui nous rameront au sol, la tête pleins de belles images de ces 2 journées parfaites !


Gazeux, vous avez dit gazeux...


mercredi 4 juin 2014

Arête des Gentianes, Pas de la Case

Petit galop d'essai pour Jean François et Pascal avant notre projet : la Salenque tempête à L'Aneto dans quelques semaines.

Malgré la saison bien avancée, il reste pas mal de neige en montagne. Cela va nous simplifier l'approche mais nous compliquer un peu l'ascension... On peut pas tout avoir !




La neige porte bien, le rythme est bon, on prend pied au col qui donne accès à l'arête en à peine une heure.


Le temps est superbe, l'arête se découpe sur un ciel bleu limpide, par contre, un frisquet vent du nord vient nous rappeler qu'on fait bien de l'alpinisme et qu'à cette altitude, c'est pas encore la canicule...


Ca commence plutôt cool mais il a neigé il y a quelques jours et la neige est bien posée sur toutes les parties à l'ombre.




On grimpe un maximum à corde tendu et on travaille ce type de progression pour augmenter notre efficacité tout en restant en sécurité.



On arrive au passage difficile de la voie constitué d'une cheminée vraiment malcommode à remonter.



Je tente de sortir par la droite mais je devrais revenir au fond de la cheminée qui est toute enneigée... Ramonage en règle vraiment pas évident dans ces conditions !


Pascal calé au relais
Cet obstacle nous prend pas mal de temps mais la suite est plus classique.




La neige nous facilitera la descente qui sera rapide et agréable.


Encore une chouette journée sur une belle arête pyrénéenne !