GUIDE DE HAUTE MONTAGNE

jeudi 30 mai 2013

Stage initiateur terrain d'aventure CAF

Le Club Alpin Français met en place des formations afin de qualifier des personnes pour qu'elles puissent encadrer bénévolement au sein de leur club.
Ces formations sont bien sûr très accès sur la sécurité et existent pour plusieurs disciplines comme l'alpinisme, le canyon, le ski de randonnée ou le terrain d'aventure.

Ce WE nous étions en Ariège en espérant que le temps serait moins pire qu'ailleurs... Bon, heureusement, pour le premier jour,on avait prévu une journée d'école d'artif sur les flans du Quié et le soleil a fait quelques (courtes...) apparitions.

L'école d'artif sous les bienveillantes parois de la Poire et Mirouge
 Au programme donc, pose de coinceurs, friends et pitons dans le but comme d'habitude de se pendre dessus et de vérifier si on sait bien les mettre (ou non...).

Alain sur ces étriers
Hélène et son marteau


On en profitera aussi pour voir quelques astuces techniques propres à l'artif mais qui peuvent servir de façon génerale en terrain d'aventure...

Hadelin et Benoit au pied d'une voie
Morgan aime bien déséquiper



Le lendemain, il fait super beau (enfin!) et on se dirige, heureusement, de bonne heure à Calamès. L'objectif est de gravir "Prélude" et "la voie des pères tranquilles" sans utiliser les spits en place (y compris pour les relais...).

Etienne départ "des pères..."
Alain tranquille dans L2


Très vite, le monde afflue et je suis même vraiment impressionné par l'engouement pour ce secteur !

Un beau relai sur 3 friends

Et une belle brochette à ce même relais

Nicolas dans Prélude

Ah, les filles...
Vu qu'on est les premiers et qu'on va surement être bien lent en posant nos protections, personne ne se cale dernière nous. Par contre, c'est l'orgie dans "Rio" et le "Pilier des cathares" ou les gens s'entassent à la queue leu-leu !
Ce qui devait arriver, arriva, et une cordée du haut fait partir une grosse pierre...
Par miracle, il n'y aura qu'un seul blessé. Il faut donc se méfier des ces terrains "pseudo aseptisés" et c'est pas parce qu'il y a des spits qu'aucun caillou ne bouge... J'espère que ça servira de leçon a beaucoup qui préféreront à l'avenir changer d'objectif (ou se lever plus tôt...) que d'aller se coller derrière des cordées déjà engagées...

Au relais dans Prélude
Un bon friend ?


Pour notre part, tout se déroule bien, le terrain se prête merveilleusement à la pose de protections naturelles avec même quelques lunules d’anthologie !

Ca c'est de la lunule !

Denis expectatif sur la suite...
 Pour certains qui n'ont pas l'habitude, pas si facile de trouver les bons emplacements dans ce calcaire d'aspect compact avec des spits qui vous attirent l'oeil... Le contrat sera quand même rempli et nous finirons la journée par quelques fastidieuses manips de sauvetage en paroi...

Relais !


mercredi 22 mai 2013

Stage escalade artificielle équipe espoir alpinisme Midi Pyrénées FFME

Depuis de nombreuses années, l'escalade artificielle est devenue un des stages incontournables dans la formation des jeunes de ces équipes. Au delà de l'activité, que pour ma part je trouve géniale, il s'agit surtout de pousser un peu plus loin l'apprentissage de la pose des protections en terrain d'aventure. En seulement quelques jours de pratique, ils vont mettre des dizaines de points de toute sorte (coinceurs, friends, pitons...) et vont surtout tester leur solidité (ou pas...) en s'y pendant dessus et donc apprendre à estimer la fiabilité de leurs protections. En résumé, plusieurs années d'expériences gagnées !

L'artif offrant aussi l'avantage de pouvoir grimper sous les surplombs à l’abri de la pluie, nous nous rendons donc à Villanova de Meia, en Espagne, malgré les prévisions météo exécrables...

On attaque le premier jour sous une pluie battante, par une journée d'école d'artif, au secteur déversant du Pilar del segre.

El pilar del segre
Comment choisir son piton, comment le planter, comment le cravater, quand déplacer ses étriers, sa longe ropeman...? C'est une découverte pour la plupart, il faut expliquer (et ré expliquer...), répondre aux doutes et aux interrogations légitimes de chacun. Mais comme la pratique vaut mieux qu'un long discours, et qu'on apprend pas à taper sur un piton dans les livres, il faut se lancer...

Et c'est parti ...
Les jeunes découvrent vite la dure vie d'artificier :

Les claquements sourds des mousquetons qui se chevauchent et vous font "sauter le coeur"...
Les pitons échappés que nous passons notre temps  à ramasser avec Sébastien...

Hadelin au départ de "Miquel Abellan" A1+
Jon dans "le fou d'artifice" A2
Sophie et seb  "la historia interminable" A1
Brigitte tape fort sur les pitons !
Et bien sûr, la découverte du côté lent et laborieux de cette activité, qui s'apparente plus à du bricolage qu'à de l'escalade !

Le deuxième jour, profitant d'une météo un peu plus clémente, et afin de prendre un peu de hauteur, nous proposons d'aller à la Roca del arc pour essayer de sortir des voies mi libre, mi artif. La pluie de la veille a laissé de grandes trainées noires, et nous choisissons les voies les moins mouillées...

Hadelin s' embarque avec moi dans "Ultima alternativa" 200 m 7a/A3, Sébastien et Sophie partent dans "Gemma" 220 m 6a/A2+ et Jonathan et Brigitte se lancent dans "Stae" 265 m 6a/A2.

Et oui, il va falloir passer dans la coulée mouillée...
Alors que j'assure attentivement Hadelin aux prises avec une première longueur de libre bien humide, un bruit de chute de pierres et un cri nous alerte : Brigitte vient de se prendre un bon  plomb dans la première longueur en V sup en arrachant une prise. Heureusement, son sac à dos l'a amortie et il y a plus de peur que de mal...
Sébastien qui fait la voie juste à côté, lui rappelle qu'on n'est pas à la salle d'escalade, qu'il faut tester les prises avant d'y tirer dessus et bien pousser sur les jambes pour ne pas trop les solliciter...

Oui oui... Brigitte repart et quelques minutes plus tard, même erreur, même sanction ! Cette fois ci, elle a tapé un peu plus fort avec la hanche et le coude... on arrête les conneries, Jonathan la descend et prend la tête.

Pendant ce temps, ça progresse de part et d'autre.

Heureusement Hadelin a bien fait ces étirements la veille...
Sophie au départ de L3 (A1) de "Gemma"
La cordée de Jonathan et Brigitte a pris un coup au moral et c'est au tour de Jon de se faire corriger dans L2 car il lui manque des pitons... Deuxième leçon du jour : prendre toujours un peu plus de matos que ce qui est conseillé dans le topo ! (surtout quand on a pas vraiment la marge...). Pour eux, c'est fini, ils descendent, sage décision...

Hadelin négocie la longueur d'A3 pendant que je m'endors au relai...


Il a fait en tête de cordée les deux premières longueurs et quand nous arrivons au pied de la longueur en 7a, mon professionnalisme m'oblige à prendre la tête (ben oui, c'est un stage d'artif... Il va bien apprendre à grimper en libre sur ce magnifique rocher...). A froid avec des spits parfois loin, je dois quand même bien m'employer pour enchaîner.

Sophie et Seb aussi sont sortis des difficultés et il ne nous reste plus que 3/4 longueurs de libre facile.

Malheureusement, l'orage gronde et se rapproche... Ca commence par de la grêle puis un déluge s'abat sur nous ! C'est la retraite bien galère avec reclippage des points à la descente pour retrouver le relai, puis 60 m plein gaz pour toucher le sol.

Y a plus qu'à attendre que ça sèche...
Arrivée de tout le groupe sous le auvent de l'Hermitage, on se change et le repas se prépare. Nous parlons donc de cette journée mouvementée et riche en enseignements, Brigitte (en particulier) subira mes foudres !
Une personne extérieure au groupe assistant à ce débriefing musclé me reprochera plus tard d'être trop dur avec ces jeunes...
C'est vrai, j'ai été très dur... Mais beaucoup moins dur que le rocher qui lui brisera éventuellement les os lors de sa prochaine chute !
L'encadrement aux seins de ces équipes espoirs est un travail bien particulier. Il s'agit de former des jeunes qui rêvent d'aller vers le "haut niveau" en alpinisme. Il ne s'agit pas d'animation !
Comme je les aime beaucoup, que la sécurité est pour moi une priorité, que je porte une responsabilité morale (et pénale...) il est pour moi impensable de laisser passer des erreurs qui pourraient conduire à un accident !
Mon rôle est de leur inculquer les bons comportements en montagne et je préfère de loin les engueuler pour marquer le coup, que d'avoir à me reprocher de ne pas l'avoir fait en allant les voir à l'hôpital ou pire...

Pour le troisième jour,à la vue de la météo toujours aussi pourrie, nous retournons à l'abri au Pilar. Le pitonnage se fait plus précis et les déplacements moins hésitant. Ils ont progressé  et commencent a bien s'éclater !

Brigitte se régale dans "por tus huevos matute " A1+
L'art de caler une cornière avec une cale de bois...


Il a par l'air content Jonathan de faire de l'artif ?

mercredi 8 mai 2013

Gorges de la Cesse

Ces derniers temps, j'ai surtout fait de la falaise avec la reprise progressive de l'escalade "en tête". Même si je ne suis pas encore complétement détendu, j'ai refait du 8a et même pris quelques vols...

Histoire de changer un peu des spots ariégeois, on décide avec Romain Espart de changer de département en allant dans les gorges de la Cesse sur la falaise de Fauzan dans l'Aude.
La particularité de ce lieu outre sa beauté, est qu'il ne s'agit pas d'une falaise mais de deux. Depuis la face nord, il faut traverser la rivière pour aller en face sud.

La face sud
Au vu des prévisions météo, et pour économiser un peu la peau de mes doigts qui a bien souffert l'avant veille sur le spot tout en "crisspette" de la partie droite du livre à Alliat, nous optons pour la face nord.

C'est un endroit vraiment sauvage et peu grimpé... Pourtant la face nord comporte un nombre important de voie (dont la plupart sont nouvelles et non présente dans le topo) et qui ne sont pas dénuées d'intérêt ! Le rocher blanc un peu salpêtreux et peu adhérent rend le "à vue" difficile et l'escalade est bien technique.

Les murs de la face nord
 Après un petit échauffement dans le 6, Romain s'attaque au premier 7a et comprend tout de suite qu'il va falloir s' adaptation à ce style particulier !


Pour ma part, je me lance dans une tentative à vue dans "jambe de fer" 8a. Une erreur de lecture me fait chuter à l'avant dernière dégaine... Dommage, mais en fait, c'était loin d'être fini avec une sortie vraiment retord loin au dessus du dernier point pour atteindre le relais. Je cale les méthodes de cette sortie un peu "psycho" et la voie tombera au 1er essai !

Pendant ce temps, Romain (l'autre...) parcoure plusieurs 6c/7a typés "fissure" et plutôt originaux.


Histoire de me finir, je vais visiter la voie la plus à gauche de la grotte (probablement dans le 8a+ à vue de nez...)


Le début est trempé mais en tirant sur les deux premiers points ça passe. La suite est  puissante et bien class ! Il faudra revenir pour s'y atteler plus sérieusement ...