GUIDE DE HAUTE MONTAGNE

jeudi 29 août 2013

Cavallers

Avec Carine, nous profitons de quelques jours de calme (pas de boulot, pas d'enfants...) pour partir en amoureux !
Je suis comme d'habitude à la recherche de la fraicheur et de l'originalité.
Nous optons pour le site de Cavallers dans les Encantats en Espagne. L'endroit est vraiment magnifique, un peu en altitude et surtout, c'est du granit !

Le barrage et autour que du granit !
 Carine n'a pas grimpé sur ce rocher si particulier depuis bien longtemps, et même si je suis bien plus habitué, j'ai toujours des choses à apprendre. Grimper sur du granit est assez déroutant : la pose des pieds est subtile et à sensation, sur un grain particulier, les équilibres sont différents et les préhensions atypiques, bref, de quoi (re)découvrir, savourer et progresser !


Nous commençons par deux petites journées de couennes (ben ouais, c'est des vacances quand même...) sur les secteurs de part et d'autre du barrage. Une mention vraiment spéciale pour le secteur de la "pared inerte" avec un rocher magnifique et des voies de 40 m dans le 6b/6c  qui sont d'une qualité exceptionnelle ! Du cinq étoiles !

Après ces deux journées d'acclimatation, nous allons grimper sur les aiguilles de Comalestorres qui sont omniprésentes au dessus du lac.

Reflet des Aiguilles de Comalestorres dans le lac
Notre objectif s'appelle "El Pistacho Asesino" 6a et 230 m.

Approche dans le pierrier sous la face
Là aussi, la qualité du granit en fait pour moi un des must sur la chaîne ! Aucune longueur n'est à jeter, la voie a été équipée très intelligemment avec des spits seulement aux relais et dans les sections dalleuses improtégeables. D'ailleurs, la première longueur en "pure friction" est la longueur clef de la voie et ne doit pas être prise à la légère... Ca grimpe et il faut aller chercher les points...

First pitch. De la belle dalle et des spits éloignés... (En fait la belle fissure à gauche est complétement bouchée...)
Toutes les fissures et écailles sont vierges d'équipement et se protègent très bien, un vrai bonheur...

L3
L4




















L7 sur fond de lac
L5


La descente s'effectue par un rappel de 50 m puis un peu de cheminement à pied pour regagner le pied de la paroi.

Retour au pied de la face
Au final, une voie vraiment magnifique bien que réalisée sous la menace un peu stressante de gros nuages noirs qui ont quand même attendu notre arrivée à la voiture pour se décharger...
Sans aucun doute un des plus beau endroit pour grimper sur du superbe granit dans les Pyrénées.

dimanche 18 août 2013

Escapades Orlusiennes

Alors que je ne m'étais pas encore rendu sur la Dent cet été, voilà que j'y suis allé deux fois, coup sur coup, et sur la même face en plus !
Le mardi, je parcoure en compagnie d'Alain, la voie "du lézard" (300 m/6a+).

Alain à l'assurage

Du beau granit quand même...
On est pas bien là... détendu...
La météo du jours, aura pour avantage de nous prémunir d'un cancer de la peau...
Le mercredi, ce sera sa voisine "assurance tout spits" (230 m/6a) encordé avec Jean François et Jéromine.

Les belles dalles pas évidentes du début de la voie

Jéromine dans sa première "grande voie"


Descente en rappel
 L'approche de la face sud-est de la Dent est bien raide, mais elle est, je trouve plutôt rapide (45 min). Bon c'est vrai, deux fois en deux jours...

Concernant les voies, j'ai nettement préféré "assurance" car plus homogène et moins "végétative". J'ai aussi trouvé que la longueur en 6a+ "du lézard", en plus d'être pas évidente, est limite dangereuse avec un beau dièdre couché qui vous attend en cas de chute...

Le Dent d'Orlu reste quand même super agréable, avec du beau caillou, une escalade peu physique mais technique et une facilité d'accès qui en font une parfaite destination pour tous les amateurs ou découvreurs de grandes voies.


mercredi 14 août 2013

Equipe jeunes alpinistes CAF acte 2 : Ordesa

Après les ascensions à la grande aiguille d'Ansabère et un retour tardif, on décide une pose avec levé à la cool. On fait tranquillement la transition en voiture jusqu'à Torla où on se pose en fin d'après midi dans un camping bien sympa. Là on refait le monde, prépare la journée du lendemain et prenons une leçon de slackline par Simon qui est vraiment un mutant en la matière !


Le lendemain, on prend tous le bus et on monte à la paroi de la cascade au Gallinero. Christian a bien tiré son épingle du jeux et part avec les 2 filles dans le dièdre de 73 ( TD/300m). Benoit, Florent et Max partent dans Héroïna (ED-/350m), une voie forcément classe puisque ouverte par Jesus galvez et qui m'avait laissé un très bon souvenir.

Les filles qui papotent à un relais du dièdre de 73...

Ben dans Héroïna

Vu plongeante dans Héroïna
 Pour ma part, j'embarque avec Benoit DS et Simon dans le dièdre des concasseurs (TD+/350m) ouverture française d'experts en la matière et responsables d'autres "hold up" dans la vallée : Bunny, D Julien, C desbats et B Puiseux.

Ben part en tête et nous faisons une longueur à rallonge (70m) pour arriver directement à R2.

Les zouaves à R2 sur une superbe plateforme
Une courte mais aérienne traversée à gauche permet d'atteindre R3 sur 2 spits (les seuls de la voie) qui s'accordent mal avec le style de l'époque et de la voie...

Ben dans la trav de R3
 Benoit repart en tête dans L4. Il réfléchit bien au cheminement, hésite... Et prend la mauvaise décision en traversant trop tard ! Du coup, c'est la terreur ! Il arrache une prise dans la trav mais heureusement son alien tient le coup, plus de peur que de mal... Il finit par atteindre le relai mais pour Simon et moi, c'est là que les ennuis commencent... En second, c'est vraiment le bordel. Le salaud a bien engagé et surtout, on est vraiment plus dans du 6a !!!

Sympa la trav...
Bref, on finit tant bien que mal par rejoindre Ben et là, je lui glisse gentiment qu'il faut toujours passer au plus facile, bien suivre la ligne logique et surtout bien mettre des points partout...

Il lui reste un peu d'énergie et il tient à continuer... Erreur ! Là aussi, il s'agit d'une longueur qui traverse à droite et là aussi, il se fourvoie... Le temps passe, il se fatigue, me fait peur loin au dessus du point, mais finit par faire relai quelques mètres sous le relai officiel qu'il n'a pas vu...

Il est tard, le ciel s'assombrit et le garçon a tiré ses dernières cartouches... Je prends la tête, histoire de rattraper notre retard. Une superbe longueur de 6b avec quelques pitons en place nous conduit rapidement au pied du dièdre cheminée final. Au dessus, la ligne est plus directe et bien logique.

Simon en action
Encore 2 longueurs "made in Ordesa" entre renfougne et opposition pour atteindre le dernier relai sous quelques gouttes, il était moins une...


Nous attaquons rapidement la magnifique descente des crampons du Catatuero pour rejoindre les autres qui ont pris un peu d'avance...



On prendra même le bus sans avoir sorti la frontale !

Encore une belle classique en poche qui mérite vraiment le détour. Un conseil : bien intuiter les traversées de L4 et L5 qui ne sont pas évidentes à négocier...

Le lendemain, on fera une halte à Revilla pour couenner un peu avant de rentrer à la maison et de clôturer ce stage 100% Pyrénées qui je pense aura vraiment été bénéfique pour les jeunes.


lundi 12 août 2013

Equipe jeunes alpinistes CAF acte 1 : la vallée d'Aspe

Nous nous retrouvons donc tous le vendredi soir dans le camping étonnamment plein à craquer de Lescun.
L'objectif du lendemain est l'arête de Larrangus au Billare (D+/400m). Réveil à 5h30... Il pleut ! On retarde d'une heure... Il pleut toujours ! Une heure de plus... Bref, on a fait la grasse mat' et on sort des duvets vers 9h30 sous un ciel bien plombé. C'est mort pour le Billare, il est trop tard malgré le temps qui s'améliore. On décide alors d'aller grimper pour l'après midi sur le mythique spot des années 80 de la mature. Cette grande dalle compacte coupée par ce chemin taillé est vraiment hallucinante. Avec Florent et Coralie, nous partons pour une voie en TA ("La marmotteuse" 120 m) qui suit une magnifique ligne de fissure. A part quelques spits aux rares endroits improtégeables aussi que dans le début de la troisième longueur en 7b au dessus du chemin, tout le reste se prête merveilleusement bien à la pose de protections naturelles.

Florent au départ de la voie. Au dessus, la ligne de fissure en ascendance à droite que nous allons suivre

Coralie dans L2 toute en fissure
Benoit, Camille et Max qui ce sont engagés dans "L'école buissonnière" (6c+/A1/120m) plus équipée mais bien plus obligatoire en dalle découvrent que faire du 6 dans ce style "Old school" n'est pas une mince affaire !

Maxime, bien concentré dans la longueur en 6c sous le chemin
Bibi, Benoit De Santignon et Simon gravissent quand à eux "La clef des champs" (6c/A1/130m) entre dalles équipées et fissures vierges.

La cordée de la clef des champs
Le chemin de la Mature
 Le lendemain, malgré un nouveau réveil un peu humide dans le brouillard, nous décidons de tenter le coup pour la grande aiguille d'Ansabère.
Nous partons de nuit du Pont Lamary pour rejoindre rapidement les cabanes d'Ansabes. Un peu au dessus, le ciel se déchire enfin et les majestueuses aiguilles apparaissent.


Pour notre part, nous basculons de l'autre côté pour remonter le pierrier un peu chiant sous la face Est.
Trois heures après être parti du parking, nous arrivons au pied du couloir d'accès. C'est sûrement la partie la plus risquée de la journée car il est impossible de progresser dans cette gorge graveleuse sans faire partir de pierres.. A 3 cordées là dedans c'est déraisonnable et je décide de sacrifier notre chrono à la sécurité.
Ce sera donc une par une que chaque cordée va franchir ces 3 longueurs, les autres essayant de se protéger au maximum.

Benoit arrive en haut du couloir
Camille bien contente d'en finir avec le couloir

Coralie et Florent en finissent à leur tour avec "la gravière"... Aux suivants !
On finit par tous arriver "à peu près" sains et sauf en haut du socle. Tout de suite, Benoit, Camille et Simon attaquent par la plus dure, "Le dièdre Butolli (ED-/300m) et déjà ça bataille dans la première longueur en rocher très moyen...

Benoit attaque L1 du dièdre Butolli
Bibi, Benoit DS et Max se lancent dans la classique face Est (TD+/300m).

Max dans le départ de la face est
 Pour Florent, Coralie et moi, nous basculons en face N pour gravir le dièdre NE (TD+/300m).
Après de nombreuses tentatives dès 1933 celui ci sera finalement vaincu en 1954  par... Les frères Ravier, comme d'habitude, accompagnés cette fois ci de G Santamaria.
Ces deux dernières classées respectivement 89 et 90 dans "les 100 plus belles" vont tenir toutes leurs promesses...

Bon sang ! mais ça part où ce truc...
Florent est d'ailleurs remonté à bloc pour se lancer dans ce morceau d'histoire du pyrénéisme, mais je lui propose d'attaquer, histoire de gagner un peu de temps...

Florent dans L1 un peu végétative
 Ces deux premières longueurs sont loin d'être évidentes et en tête, chargé d'un sac, sur ce rocher pas vraiment "céusien", il faut se battre pour pouvoir enchaîner en libre... Du bon vieux 5 sup à l'ancienne qui remet les pendules à l'heure !

Le dièdre technique de L2
 Je passe la main à Flo qui trépigne au pied du fameux grand toit de L3 qui a vu buter les premières tentatives.

Départ de L3
Le toit
Il le gravit efficacement et enchaine par la longueur suivante qui cette fois ci se déroule sur du très beau rocher.
Je reprend la tête pour finir dans un terrain plus "scabreux" et nous retrouvons les 2 autres cordées juste sous la sortie.

L'ombre de la grande aiguille guette Coralie
Sortie sur l'épaule

Suite à un petite erreur d'itinéraire, nous finissons par une dernière longueur encore plus pourrie que la longueur de sortie originale !
Nous atteignons enfin le sommet de la grande aiguille d'Ansabère et chacun apprécie de pouvoir se détendre après ces longueurs un peu stressantes.

Summit
Il est quand même un peu tard et la journée n'est pas encore finie... Un rappel de 45 m suivit d'une dernière escalade nous mène enfin sur le plateau où nous profitons d'un magnifique couché de soleil au col de Pétragème. Encore 2 h de marche et nous retrouvons enfin nos véhicules après cette longue journée de pyrénéisme !