GUIDE DE HAUTE MONTAGNE

dimanche 29 septembre 2013

Ordesa : Somontano et Hil da Jainkoa

Lorsque les enfants font une bêtise, on les prive de dessert... Il faut donc croire que l'année dernière, j'en ai fait une grosse, vu que pour ma part, j'ai été privé d'Ordesa (entre autre...)

Pour cet automne, après une saison d'été comme guide bien remplie et un état de santé qui me permet de nouveau pas mal de choses, j'ai prévu de rattraper le temps perdu et de faire le plein de belles voies sur ce site extraordinaire.

Afin de m'aider à accomplir cette tâche difficile, je retrouve avec grand plaisir David Marret. Nous avons partagé tellement de bon souvenir de montagne et de vie ensemble depuis plus de 10 ans que ces 4 dernières années ou nous n'avons pas pu faire cordée sont elles aussi à rattraper !

El libro abierto
Somontano (ED-/350m/7b) est sûrement la voie dure d'Ordesa qui est la plus parcourue.
En effet, contrairement à la plupart des voies du secteur, elle a été ouverte avec pas mal de spits...

Voilà le programme
C'est d'ailleurs cette raison qui m'avait poussé jusque là à ne pas y aller. En effet, malgré son excellente réputation, le côté aventureux que l'on vient rechercher en ce lieu était moins prononcé que dans beaucoup de voies officiellement plus faciles...

Dav dans le début de la voie
Du coup, la plupart des grimpeurs que je fréquente l'on déjà gravie. Quand on c'est rendu compte avec David qu'on était deux à ne pas l'avoir faite, on c'est dit qu'il fallait saisir cette occasion qui ne se représenterait peut être pas de si tôt...

Belle trav pour arriver à R3
 De plus, on a pensé que quelques spits judicieusement placés dans certains passages nous aideraient à nous mettre en confiance...

L4 en 7a+ pas facile et comme toujours grosse ambiance...
 Malgré ça, il faut avouer que le style radical de cette escalade toujours aussi exigeante mentalement et physiquement va quand même nous demander quelques longueurs d'acclimatations. Pour ma part, ce n'est que passé le milieu de la voie que je vais commencer à me détendre et à grimper plus relâché.


Départ dans L6, 6b+ qui donne accès au grand toit
L8 en 7a plutôt cool cette fois...
 Comme la plupart des voies du "Libro abierto", le rocher est globalement excellent, la ligne majestueuse et l'ambiance toujours aussi ébouriffante !

Putain j'espère qu'il tient bien celui là !
Couleurs de fin de journée sur la Fraucata
Le deuxième jour, on décide d'aller dans un secteur peu fréquenté qu'on ne connait pas : la paroi concave.

Ce qui nous attire là bas ce sont les immense coulées grises qui rayent la face et qui nous promettent un caillou magnifique. De plus, là encore, la voie "hil da Jainkoa" (ED/300m/7a+/A1) est censée comporter pas mal d'équipement en place et vu qu'on est parti dans ce trip...


Pour le début de la voie, celle ci ressemble à une voie classique du coin avec 2 longueurs faciles un peu herbeuses, puis un longueur fort raide en 6a+ un peu péteux avec de l'A1 et enfin, une longueur de 4+ en traversée sur piles d'assiettes...

First pitch
David dans l'artif de L3
Je repars donc dans la longueur suivante qui semble être selon le topo une traversée à gauche en 4+. Après seulement quelques mètre, je me retrouve au pied d'un dièdre suivit d'un dévers ou je vois 2 spits et 2 pitons... On se demande si on est pas carrément dans une autre voie, mais rien aux alentours... Je dois sévèrement m'employer pour gravir le dièdre que je trouve très dur puis la suite, malgré les points en place reste très physique. Le rocher est vraiment superbe mais contrairement à hier, l'absence de fréquentation de la voie ne me permet pas d'identifier facilement les "prises à tiroir" non magnésées...

L5 hallucinante 6c/7a au lieu du IV prévu...
Hissage du sac sans problème...
J'arrive au relais halluciné par la beauté de cette longueur et surpris par son omission dans les topos. A partir de là, nous n'aurons de cesse de nous extasier dans toutes les longueurs...

L6 aux couleurs irréelles
Le rocher est vraiment d'une qualité exceptionnelle bien au delà de ce qu'on espérait !
Nous savons que pour ce qui concerne les cotations certaines longueurs de 4+ peuvent se transformer en 6c/7a, mais les tracés sont plutôt juste et surtout chaque longueur est démente !

Vu sur R5, vous avez dit ambiance...
 Le rocher est vraiment très compact et malgré pas mal de spits en place l'escalade reste engagée et obligatoire.




Nous avons tenté de grimper un maximum en libre mais L8 et L11 nous ont résisté. Celle ci, commune avec sa voisine "Kantauri" aurait été libérée par Josune et Rikar et serait dans le 7c/8a...

Plus que quelques cm avant d'atteindre le premier spit de L11...
En tout les cas, c'est vraiment une voie incroyable qui propose des longueurs dures en libre sur un rocher vraiment magnifique !

vendredi 6 septembre 2013

Fête de la Fissure Ossau équipe jeunes alpinistes CAF

La fête de la fissure organisée tous les ans par l'association Passes Murailles, est devenue un rendez vous rituel pour les équipes jeunes des Pyrénées. Ce rassemblement festif est une superbe occasion pour les pratiquants de tous âges et de tous horizons de se rencontrer, de profiter des belles voies de l'Ossau et de partager un moment convivial en soirée.

Cette année pour la première journée, je me rends en face nord avec pour objectif la voie Ravier au pilier de l'Embarradère en compagnie de Camille et Maxime. Encore une voie que l'on doit à l'audace des frères Ravier qui ouvrent ce mythe Pyrénéen (classée n° 100 des 100 plus belles...) avec Paul Bouchet en 2 journées de Juillet 1965.

Nous partons de nuit, accompagné d'autres amateurs d'austérité et remontons la raillère du cirque de l'Embarradère au petit jour. Une longueur dans le socle (pas si facile...) puis une traversée sur une vire herbeuse nous donne accès au pilier proprement dit.

Bruno Colla dans la longueur du socle. Au fond, le pilier.


J'attaque par deux longueurs de V+/6a pas vraiment extraordinaires dans des blocs enchâssés.

Max et Camille en fin de L1
Mes partenaires en fin de L2
Je suis à R3 après la belle longueur en 6b

 La suite est nettement plus sympa avec les deux suivantes en 6b/6b+ qui remontent des fissures très raides et bien athlétiques.

Camille remonte la double fissure en fin de L3
L4 bien physique !
 Nous arrivons sur la petite terrasse du bivouac historique et c'est au tour de Camille de grimper devant.

La longueur de 6c+ suivante se fait bien avec un départ du relais un peu bloc mais bien protégé par 3 pitons puis une suite plutôt athlétique.

Camille aux manettes dans L5
Max aime bien la Dulfer...
 Vient ensuite une longueur de 6a+ qu'on a trouvé pas évidente et qui propose une escalade raide sur des plats qui font bien gonfler les avants bras !

Pour finir il y aura un peu de tire clous suite à un éboulement qui a quelque peut modifié le profil de cette dernière longueur. Je pense que ça doit pouvoir tout se faire en libre mais à condition de ne pas suivre les pitons et de passer un peu plus à gauche dans une fissure déversante. Nous atteignons la fourche dans une ambiance extraordinaire au milieu des nuages.

La fourche
En dessous, une sacré mer de nuages
 Même si la voie a de l'allure, l'idée que j'en avais, fait que j'ai été un peu déçu... Je pense que c'est en grande partie à cause de ce rocher peu adhérent de face nord qui n'est pas toujours très agréable...
Sinon, le matériel conseillé sur certains topos est un peu exagéré... Il y a quand même beaucoup de pitons en place (un peu trop...) et nous avons utilisé un jeu d'aliens du bleu au gris (dont vert et jaune en double) plus un jeu de camalot du 0,5 au 2 en doublant du vert au jaune.

Le soir, on retrouve les copains, ça discute escalade et ça refait le monde une bière à la main ou en train de déguster un repas succulent.

Le lendemain, Maxime, moins expérimenté et qui était sagement resté en second la veille, souhaiterait continuer à apprendre et progresser dans la pose de protections. Nous allons donc réaliser une grande et toujours aussi belle classique de la muraille de Pombie avec la "Mailly"(TD-/6a/200 m) qu'il réalisera intégralement en premier de cordée dans un style impeccable.

Max départ de L2

Bon, on est pas les seuls dans la voie...
Max dans la longueur clef...
Nos poursuivants Mathias et Simon
Max dans les longueurs de sortie
Encore un superbe séjour à l'Ossau, un grand merci à Karine et Léon pour leur accueil 4 étoiles au refuge de Pombie !

En exclusivité mondiale, la vidéo de cette journée au pilier de l'Embarradère où on a quand même bien rigolé !


Ravier Embarradère from Romain Wagner on Vimeo.

mardi 3 septembre 2013

Eperon des Esparrets au Mont Perdu

Pascal et Mathilde m'avaient parlé de leur désir de réaliser une grande classique d'envergure dans les Pyrénées dès la fin du printemps. A ce moment là, mon calcanéum récemment fracturé en 8 morceaux m' handicapait encore pas mal pour marcher et une grande "bambée" me semblait bien ambitieuse...
Nous avons donc décidé de laisser un peu passer le temps et de faire un point début Août.
Le fait d'avoir recommencé à travailler cet été et donc pas mal marché a été parfois douloureux mais au final assez bénéfique pour ma rééducation...

Nous optons donc pour l'éperon des Esparrets au Mont Perdu et je retrouve Pascal et Mathilde à leur camping de Luz Saint Sauveur. On fait les sacs, mangeons un morceau, et c'est parti pour la superbe remontée de la vallée d'Estaubé. Pris dans le brouillard, nous nous égarons un peu et nous atteignons la Brèche de Tuquerouye et son abri bivouac en fin de journée.

Le Mont Perdu
A ma grande surprise, malgré le fait que nous sommes en semaine, celui ci est plein...

L’intérieur du refuge
 Levé à 4h30, après un bon petit déjeuner, on se met en route. Descente au lac glacé, contournement de celui ci, on se retrouve à longer la face nord du Mont Perdu au levé du jour.

Attaque de la vire
La vire d'accès et assez facilement identifiable, le passage sous le bloc coincé effectué, nous arrivons au rappel dans la cheminée qui permet d'atteindre le pied de l'éperon après une ultime remontée d'une centaine de mètre.

Le sol est plein d'Edelweiss
Descente dans la cheminée

Le départ pas très visible de la voie à gauche d'un surplomb jaune
Les longueurs se succèdent sur un rocher pas toujours franc. L'ambiance est très aérienne et le cadre somptueux.

Première longueur
 

 

Rien d'extrême mais pas vraiment possible de faire de la "corde tendue". L'escalade est engagée mais on a toujours la bonne surprise de pouvoir faire d'excellent relais.

Relais






















De belles et dures fissures nous accueillent après le rappel puis la "vire magique" nous donne accès à la dernière cheminée croulante...

C'est bien raide !
La "vire magique"

Sortie !
Ok, ça fait 8 h qu'on grimpe, on s'accorde une pause, on a fait le plus dur, il nous reste plus que le plus pénible !
La remontée au col oriental dans des éboulis raides est vraiment fastidieuse.


Il faut se réencorder pour effectuer deux longueurs humides et peu intéressantes dans la barre sommitale puis marcher encore pour finalement atteindre le Mont Perdu.

Le lac glacé et la brêche de Tuquerouye
Il est déjà bien tard, la fatigue et la lassitude se font sentir mais il est l'heure de descendre via le col du Cylindre et la voie normale où il nous faudra chercher les kairns dans l'obscurité...

On atteind Tuquerouye et nos couchettes bien tard, fourbus mais heureux d'avoir réalisé cette incroyable (et très longue...) course qui serait quand même un peu plus sympa en début de saison avec de la neige sur la partie finale.