GUIDE DE HAUTE MONTAGNE

vendredi 26 octobre 2012

Et maintenant...

Comme vous l'avez compris, au vu de mon état physique,  il n'y aura pas de nouvelles "fraiches" d'ici quelques temps...

Cette immobilité forcée oblige à une certaine introspection. Cela m'amène donc à me replonger dans mes souvenirs et je me demandais pourquoi ne pas les partager...

Alors bien sûr, je pourrais évoquer ma découverte de la sexualité avec le prêtre de mon village quand j'avais 13 ans, ou bien mon enlèvement par des extra terrestres l'année de mon bac, mais finalement, certaines choses sont trop intimes et surtout n'ont aucun rapport avec les activités de montagne !

En fouillant dans mes archives, j'ai retrouvé des images datant de 2010 lors de mon deuxième voyage en Utah en compagnie de Pierre Labbre et Rémi Sfillio (grands guides de la Compagnie de Chamonix).



A cette occasion, nous avions pu gravir une magnifique tour dans le désert avec en prime une belle descente express avec mon parachute ! Un grand souvenir de rigolade avec des potes.




dimanche 21 octobre 2012

Equipes jeunes alpinisme

Depuis le milieu des années 90 la FFME et le CAF ont mis en place un cursus destiné aux jeunes leur permettant d'appréhender l'alpinisme "à bon niveau". L'accent est donc mis sur la formation, l'apprentissage des techniques permettant la progression et la protection dans l'ensemble des disciplines de l'alpinisme.



Quelque soit la fédération, la structuration de ces équipes est la même :

-Une sélection afin de savoir quels jeunes auront la chance de rentrer en équipe ( dossier, épreuves physiques sur le terrain et entretien)
- 25 à 30 jours de stages à thèmes répartis sur deux ans, encadrés par un bénévole compétant et un  guide de haute montagne.



Très prochainement, des sélections seront organisées pour l'ensemble des équipes sur les Pyrénées.

Pour la FFME :


Pour rejoindre la prochaine Equipe Espoirs Alpinisme FFME des Pyrénées 2013/2014 il faut avoir 18 à 25 ans et être en possession d'une licence 2012/2013.Les sélections auront les 08/09 déc 2012 (à priori en Ariège). Vous trouverez en cliquant ici le dossier de candidature à renvoyer avant le 30 nov prochain.
Présentation de l'équipe ici.


Pour la FFCAM :


La FFCAM met en place des groupes de jeunes alpinistes "Promotion" et "Espoir". Voir ce lien. L'objectif est de proposer à des jeunes pratiquant l’alpinisme en club d’améliorer leur niveau et d’élargir leurs domaines d’activité en alpinisme afin d’arriver à une pratique autonome, en les sensibilisant aux risques et dangers du milieu. Les stages et sorties, répartis sur deux ans, sont encadrés par des cadres bénévoles et les guides de haute montagne David Marret, Romain Wagner et Rémi Thivel.
Trois groupes, gérés par les Comités Régionaux Midi Pyrénées et Aquitaine et le Comité Départemental 65, seront sélectionnés pour 2013-2014.
La sélection commune aura lieu les 15 et 16 décembre 2012, probablement en vallée d'Aure, à préciser le moment venu. Selon votre niveau et votre région de résidence, vous serez dirigé vers l'un des trois groupes.
Pour participer, vous devez, selon la région dans laquelle vous habitez et selon le niveau auquel vous pensez pouvoir prétendre (Promotion ou Espoir) remplir et renvoyer avant le 4 décembre un des dossiers téléchargeables ci-dessous.
Niveau Promotion : 6a en falaise à vue et AD en second en alpinisme
Niveau Espoir : 6b en falaise à vue et D en alpinisme

Dossier CD 65 format Word
Dossier CD 65 format pdf
Dossier Midi-Pyrénées format Word
Dossier Midi-Pyrénées format pdf
Dossier Aquitaine format Word
Dossier Aquitaine format pdf

vendredi 12 octobre 2012

Changement de rythme !


Quelques jours après cette magnifique réalisation au Vignemale, la fête s'est arrêtée...

Comme très régulièrement, je suis allé sauter en BASE jump au Quié de Sinsat. Malheureusement, ce saut là ne s'est pas déroulé exactement comme prévu et suite à une mauvaise ouverture de ma voile, j'ai impacté le mur !

Je vous passe les explications techniques et les détails sordides, mais toujours est t'il que j'en ai pour quelques mois de repos...Cela me donne l’opportunité de passer plus de temps en famille, de me remettre à monter des vidéos, de créer ce blog... Bref, il y a toujours un bon côté des choses... En tout les cas, j'essaye de m'en convaincre... Et ça marche plutôt bien pour le moment...

Malgré toutes les interrogations qu’amène cet accident et le côté potentiellement dangereux  du BASE jump (au même titre que l'alpinisme selon moi...), je continue à trouver cette activité merveilleuse et très riche en émotions !

Encore un grand merci aux secouristes du PGHM de Savignac, à leur gentillesse et leur professionnalisme. 

Voir la vidéo de ce même saut, réalisé 15 jours plus tôt



samedi 6 octobre 2012

Face Nord du Vignemale voie Despiau Luquet 500 m 6b/A3


Il y a des voies dont on rêve, mais dans lesquelles on n’ose jamais vraiment se lancer…
Celles-ci ont un caractère mythique qui selon la définition du mythe, oscille entre l’imaginaire et la réalité. Oui, elles sont réelles, elles existent, mais leur ascension vous parait inaccessible…
L’ascension de ce genre de voie est généralement évoquée un peu tard dans la soirée, désinhibé par l’alcool et la surenchère de vos amis !

Cette voie, ouverte en 1969 dans la zone la plus raide de la face nord du Vignemale par Raymond Despiau et Jean Claude Luquet entre dans cette catégorie.

L'ouverture dans des conditions hallucinantes pour l’époque (4 jours dans la face, des bivouacs sordides, seulement 1 l d’eau, sans parler des techniques et du matériel…) sera remise au gout du jour 25 ans plus tard par la première répétition  de Jérôme Thinières en hiver et en solo ! La même année, le boulimique « Bunny » accompagné de Pierre Beuscar s’octroient la deuxième, en été, avec seulement un bivouac. Ensuite, plus rien… Les différents récits de leurs ascensions ainsi que la réputation de ses différents ascensionnistes élèvent la voie au rang de fleuron du pyrénéisme.

Cet hiver, deux pointures espagnoles spécialistes en la matière, Oriol Baro et Sidarta Gallego réalisent
la troisième répétition en 3 jours et confirment le côté vraiment sérieux et engagé de l’entreprise.
Il va falloir se motiver…

Je me mets à en discuter sérieusement avec mon ami et collègue Rémi Thivel qui pour les mêmes
raisons que moi tarde à y aller… Afin de ne pas remettre pour la xième fois cette ascension, nous nous imposons de bloquer une semaine plus de deux mois à l’avance. Organisation familiale, refus de journées de boulot… Quelques jours avant l’échéance, la météo annoncée n’est vraiment pas terrible… Reporter encore… Trouver une excuse et « mettre le clignotant » vers une destination ibérique plus hédoniste… Non !!! On décide de tenter le coup, et de rester fidèle à l’esprit des ouvreurs qui ne s’embarrassaient pas d’une météo alors inexistante !


On se retrouve à trier notre « barda » sur le parking du Pont d’Espagne et nous voilà chacun bien chargé avec nos sacs de hissage sur le dos. Nous ne crachons pas sur les remontées mécaniques de la station qui nous font économiser une heure de marche. La suite de l’approche qui nous mène au refuge des Oulettes, aidé par le paysage magnifique qui nous entoure et la teneur philosophique de nos discutions, s’avère être une simple formalité. Comme toujours (ou presque…) dans les refuges des Pyrénées, nous sommes accueillis très chaleureusement par les gardiens, Boris et Pauline.


Le rituel levé nocturne à 3h30, nous rappelle qu’on n’est pas venu pour rigoler… Petit déj, marche d’approche morainique, quelques pas d’escalade avec  25 kg sur le dos pour contourner la langue du glacier et nous voilà au pied du filon d’ophite qui marque l’attaque de la voie, il est 6h.


Le début de la voie n’est pas très raide, c’est du IV/V, nous optons pour la technique « bourin » sans hisser : Devant, petit sac de hissage sur le dos, derrière, gros sac… Tout le socle se passe bien, le jour se lève, on commence à hisser et à remonter au jumar en second et assez vite, nous arrivons au pied des vrais difficultés.


Rémi veut en découdre et attaque  la première longueur sérieuse de la voie qui s’avérera d’ailleurs être une des plus exposée… Le départ en libre annoncé 6b est vraiment délicat, les points plutôt mauvais et la difficulté obligatoire… Après 40 m sous tension, il arrive au relais. Fin énervé (ou motivé pour ne pas aller dans la longueur d’après…), il me propose d’enchainer sur la courte longueur d’A2 suivante. Un beau passage sur un éboulis déversant qui constitue un bon aperçu du type d’escalade qui nous attend pour le reste de la voie… Le déséquipement se fait rapidement pour cause de points faciles à retirer…


Nous sommes au pied du fameux « surplomb en sucre » décrit par les ouvreurs et c’est moi qui m’y colle. 


L’escalade est vraiment malcommode, les pitons bien que souvent profondément plantés ne « chantent » jamais quand je les enfonce dans ce rocher en décomposition, à la limite de la terre… Les mauvais points se succèdent, ça surplombe toujours mais avec un peu de patience je finis par arriver au relais avec les 3 fameux golots en fil de fer plantés par Raymond… 


Heureusement, lors de sa première répétition, afin d’y pendre son portaledge, Jérôme a mis un spit de 8 mm dont la douille est étonnement en très bon état. Il ne reste plus qu’à visser la plaquette et la pression redescend d’un cran. Pendant que Rémi déséquipe, je redescends au relais d’en dessous ou la corde est fixée car c’est là que le bivouac parait le plus faisable.

Mettre des points autour du relais afin de tendre nos hamacs  n’est pas chose facile et me prendra pas mal de temps. Une petite marche de 20 cm va nous permettre de manger debout dans la plus pure tradition des bivouacs en paroi à l’ancienne !


Après une nuit bien froide recroquevillés dans nos hamacs, il n’est  pas facile de sortir du duvet,  lorsque l’heure du réveil sonne. Nous avalons rapidement un petit déjeuner au milieu des rafales, plions le bivouac et remontons les 30 m fixés la veille. Le jour se lève, il y a beaucoup de vent et nous nous apercevons que le ciel est chargé de nuages menaçants… se prendre la pluie à cet endroit serait vraiment problématique et nous sommes un peu tendus… On verra bien…


Rémi attaque au saut du lit par un surplomb austère constitué de blocs instables. A chaque coup de marteau, l’ensemble de la structure tremble… Au dessus c’est un peu plus roulant et finalement cette longueur courte est vite avalée.


Il nous reste une longueur dure. Notre prédécesseur Oriol Baro l'a décrit comme l’une des longueurs la plus éprouvante de sa carrière… 60 m en A2 et 6a sur des écailles branlantes…


Je pars sur des pitons plutôt bons, mais assez vite, l’escalade devient complexe. On est dans le brouillard total, Rémi immobile est vraiment frigorifié et s’enveloppe dans son duvet au relais. J’ai l’impression d’être assuré par une chenille !

Au bout de 30 m d’artif laborieux, j’arrive enfin à pouvoir partir en libre. La cheminée est couverte de lichen orange et son fond est constitué de blocs enchâssés, une escalade vraiment désagréable et engagée qui après une longue reptation me permet d’atteindre la fin des difficultés.


Rémi me rejoint avec le sourire, il sait que c’est gagné. Il repart vite dans la dernière longueur, 60 m en V sur un rocher presque bon...
Alors que nous atteignons la sortie, les premières gouttes se mettent à tomber, il était moins une…Le temps de refaire les sacs, nous entamons la descente via l’arête de Gaube sous une pluie de plus en plus pénétrante.


Nous retrouvons le refuge, sa chaleur, son humanité. Ce changement brutal d’ambiance entre ces austères parois que nous aimons fréquenter et la vie « d’en bas » me laisse toujours perplexe et interrogatif quand à nos motivations profondes. Peut être est ce que les expériences vécues « là haut » donnent un sens et une intensité  à nos vies qui nous permet de mieux affronter notre simple condition d’être humain…