GUIDE DE HAUTE MONTAGNE

mercredi 30 septembre 2015

Courses d'arêtes dans le massif du Néouvielle avec les jeunes de l'équipe FFME

Une chose que j'ai pu constater après 10 ans de travail avec des équipes jeunes en alpinisme c'est que bien souvent, ils maîtrisaient finalement mieux des voies dures et techniques que des terrain plus "montagne" qui demandent rapidité et efficacité !

Du coup, il me semble intéressant dans leur formation de se confronter à ce milieu dans un endroit qu'ils ne connaissent pas, où la carte et un bon "feeling montagnard" est plus important qu'un pliage de bras exagéré !

Le massif du Néouvielle et ses  Arêtes en AD est donc un lieu parfait pour ce genre d'exercice.

On attaque le premier jour par l'arête est des Halharisès et la traversée jusqu'au sommet central.

Première difficulté, bien étudier la carte pour arriver au pied de l'arête sans trop patiner entre pentes herbeuses et chaos de blocs.

Agathe au départ de l'arête avec en fond le barrage de Cap de long et le lac d'Oredon
Dans ce terrain facile en III, pas question de tirer des longueurs ! Il faut donc qu'ils privilégie l'assurage en mouvements mais en toute sécurité !


Il faut adapter sans cesse sa distance d'encordement afin d'être efficace sans que cela se transforme en du "solo encordé" !


Parfois, la descente de certains gendarme ne permet pas la désescalade et in faut faire de petits rappels.





Gregory heureux devant nos objectifs de demain et le Néouvielle, sommet emblématique du secteur
Le lendemain, c'est départ matinal depuis le lac d'Aubert pour passer "le pas du gat" et se rendre au pied de l'arête Ferbos (AD/500 m).

C'est parti !
En dessous, le lac de Cap de long (deuxième plus grosse retenue des Pyrénées) scintille avec cette météo superbe.


Le choix du bon coinceur pour Pierrick...
Gregory et Florian prennent leur pied !
belle ambiance
Cette arête va nous permettre d'arriver un pic des 3 conseillés premier 3000 pour Agathe !
On se repose un peu au sommet et on reprend des forces avant de continuer notre enchainement avec l'arête des 3 conseillers qui aboutit au sommet du Néouvielle (3091 m).

Pause casse croute au Sommet des 3 conseillés

Vue de l'arête depuis le sommet du Néouvielle
Les jeunes arrivent à être efficace et la course nous prend à peine plus de 2h. On contemple le magnifique panorama qu'offre ce point de vue en constatant que les premières neiges tiennent sur les versant nord, l'automne est bien là !


Prochain stage prévu en Janvier avec les piolets à la main !

samedi 12 septembre 2015

Ordesa, via del Sexto et Despiau Battaïa

Aller, c'est reparti pour une escapade sur le secteur d' Ordesa. On se rertouve avec mon collègue guide du PGHM d'Ariège Gael Perez pour un trip 100 % amateurs !

Il n'a fait que quelques voies en ces lieux et souhaite commencer par une voie qui grimpe un peu mais où on ne se fait pas trop peur... Pas si facile à trouver... Comme dans pas mal d'endroits, il est plus sage dans ce cas de fouiller du côté des voies "modernes" avec un peu d'équipement en place. Et oui, les anciens ils avaient peur de rien, eux !!!

Je pense à la voie del Sexto à l’extrême droite du Libro abierto qui a de très bonnes critiques.

Topo "made in Albert", parfait as usual !!!
 A priori, la voie comporte une deuxième longueur originale en off width (fissure large), Gael attaque donc pour me la laisser, sachant que j'affectionne particulièrement ce genre d'escalade.

C'est parti !
Nous avions amené un camalot numéro 4 (ancien modèle, le violet) qui fait à merveille pour protéger la courte section dure.

Dans le vif du sujet
Au final, rien de très compliqué dans cette longueur pour qui maîtrise les verrous à deux mains. Outre Atlantique, ce genre de longueur serait tout juste côtée 6a/b...

La même vue du haut
La suite se déroule dans une belle ambiance sur un rocher franc. L'équipement est bien pensé et permet de grimper sans trop chercher son itinéraire et sans être trop tendu (chose rare dans le coin...)

L3
Départ de L4
Le haut de L4 et une belle vue sur le fond de la vallée
Le haut de L6 et le beau rocher orange caractéristique du Libro
La huitième longueur propose un pas de 7a qui demande un peu de technique et d'audace mais heureusement tout ça se passe au dessus d'un goujon de 10 mm !

L8, 7a un peu bloc mais très beau
Sortie de L8 sur un superbe rocher !

Au final, une voie jolie où l'escalade est très agréable mais manque à mon goût d'un peu de saveur... Quitte à venir en ce lieu, paradis d'une escalade réellement aventureuse, j'aime y parcourir des itinéraires "authentiques" ou l'escalade ne se résume pas à une suite de mouvements.

On opte donc le lendemain pour une voie pourtant officiellement pas plus dure mais à la réputation bien plus sulfureuse. La Despiau Battaïa (350m, 7a) ouverte par un des maîtres du genre en 3 jours de 1975 propose un cheminement osé et astucieux.

Pour le coup, l'équipement est minimaliste et la voie fait appel  à une certaine expérience de la lecture du terrain.


La voie est à l’extrême gauche du Libro Abierto et attaque par un contrefort facilement identifiable.

première longueur
L2 met déjà de l'ambiance avec 60 m d’errance à la recherche du terrain "le plus facile", le rocher est certes du gris compact de très bonne qualité, mais pas évident à protéger. 



Une longueur de 6c nous dépose sur une énorme vire propice a bivouac 4 étoiles et nous permet grâce à une traversée à gauche de fuir des dévers impressionnants !


La longueur suivante côtée 6b, n'est pas évidente du tout et demande un zeste d'engagement...

Départ du "6b", ce mur végétal est du plus bel effet !
La suite ne fait pas rire, c'est raide, dur et pas facile à protéger...
La suite, une pseudo longueur de V+ a l'ancienne va nous donner du fil à retorde et nous rappeler qu'aucune longueur n'est facile à Ordesa !
On arrive au pied de la longueur clef en 7a. Le début remonte un dièdre déversant qui attaque sérieusement les avants bras.



La longueur finit en apothéose avec une section difficile ou il faut bien anticiper des mouvements complexes et aléatoires. On arrive à un gollot tout rouillé posé par les ouvreurs qui n'aide pas vraiment à se lâcher...

Gael reprend la tête pour L9 une fois de plus pas évidente du tout avec un finish descendant vraiment bizarroïde pour arriver au relai...


J'en finis avec la dernière longueur en 6a vraiment somptueuse ! Elle remonte un dièdre parfait en rocher superbe puis une traversée à droite sur une étroite corniche livre la clef de l'ascension...


Quelle Ambiance !
Summit
Bravo aux ouvreurs d'avoir trouvé cette ligne astucieuse et haute en couleur. Une voie vraiment incroyable !

Au final, une ambiance totalement différente de la veille avec une voie pas plus dure mais plus engagée, demandant un bon sens de l'itinéraire et bien représentative de l'ambiance particulière que propose le plus souvent l'escalade ici !

mardi 1 septembre 2015

L'empreinte des millénaires gorges du Verdon

Avec Carine, on abandonne les enfants chez les grands parents et on en profite pour se rendre dans un endroit qu'on adore, pour son rocher fantastique, son ambiance incroyable, ces odeurs...
On attaque tranquillement par une première voie dans le secteur de la dent d'aire et pour la suite, j'ai une petite idée en tête : L'empreinte de Millénaires.


Je crois que dans un premier temps, c'est le nom poétique de la voie qui m'avait accroché... Et oui, j'aime bien à penser que notre passage sur ces rochers n'est en fait qu'une goutte d'eau  à l'échelle de leur existence et des milliers d'années qu'il a fallu à la nature pour les sculpter d'une aussi belle façon !

Ensuite, l'ouvreur, Pascal Faudou, brevet d'état local qui comme Bruno Clément participe à un renouveau des gorges en ouvrant des voies souvent originales dans des lieux moins fréquentés.
 
La voie  attaque à quelques mètres du Verdon après avoir emprunté le début du sentier Martel pour sortir dans l’impressionnante Baume aux pigeons.


Départ de la voie au dessus de l'eau, les canyonneurs sont déjà là !
L2 est vraiment magnifique et originale... Ce n'est pas le genre de rocher classique que l'on rencontre ici : un caillou un peu blanc type face N avec des trous !

L2, 6b+ très beau et pas facile
La même vue du haut, il y a déjà de l'ambiance...
La suite remonte  des dièdres raides mais pourvus de bonnes prises. La difficulté est homogène dans le 6b.


On gravit les 5 premières longueurs à l'ombre ce qui est appréciable... Quand on arrive au soleil, on retrouve plus l'escalade technique sur mur gris "made in Verdon".


L8 est vraiment superbe dans ce style avec un pas d'adhérence un peu coquin...


Nous profitons toute la journée de la magnifique vue que l'on a sur la paroi du Duc, ca fait vraiment envie... Une autre fois peut être !