GUIDE DE HAUTE MONTAGNE

lundi 19 octobre 2015

Caçadors d'estels à la Pena de sin

Histoire de changer un peu avec Bruno, on avait bien envie de découvrir un nouvel endroit. Bien que connu depuis de nombreuses années, nous n'avions pas encore eu l'opportunité d'aller grimper à la Pena de Sin. Ces derniers temps, des mouvements suspects sur la toile pointaient fortement dans cette direction !

Une voie d'Albert Salavdo avait attiré notre attention. Des photos alléchantes, des cotations pil poil et une certaine habitude de n'avoir fait que de superbes voies ouvertes par Albert ont été une aide précieuse à la décision...


Première spécificité de cette paroi, l'approche est vraiment minimaliste (30 mn), ce qui est assez rare pour des parois de cette envergure...

Deuxième, a priori, pour l'instant et malgré la présence importante de vautours de toutes sortes, la cohabitation se fait bien et il n'y a pas d'interdiction de grimper... Le gouvernement d'Aragon a même mis en place une aire de nourrissage (concept qu'il faudra un jour qu'un spécialiste m'explique...). En tout les cas, ça pue comme jamais et c'est assez choquant visuellement...

Charnier à ciel ouvert...
Suite à une soirée et un début de nuit pluvieux, on décide pour une fois de ne pas attaquer trop tôt car le bas de la face bien gris risque d'être humide.

J'attaque L1 dans un dièdre parfait qui sera pour moi une des plus esthétique longueur de la voie.


Il ne fait vraiment pas chaud, les doigts sont gourds et j'avance pas à pas dans ce dièdre technique. Bruno fait même péter la veste light !


Bruno repart dans une longueur de 6c assez expo et qui demande de la détermination.


Encore deux autres longueur en 6c et le soleil vient enfin nous réchauffer.


Le rocher est extrêmement abrasif et sculpté. Il n'offre pas toujours la possibilité de protections naturelles et chaque spit se gagne !


La longueur du dessus se déroule sur des colos incroyables ! Malheureusement, certaines prises sont mouillées... Je doit vraiment m'arracher pour me sortir de ce mauvais pas, mais ça passe !

Un bon genoux qui permet de lâcher les mains avant d'attaquer la section humide...
Depuis le début de la journée, on s’aperçoit que globalement, toutes les longueurs nous coûtent et on est pas au bout de nos peines !

Je repars dans la longueur suivante qui propose un début très technique dans un mur en crépi difficilement déchiffrable...


Un peu plus haut, un spit, selon moi pas très bien placé, me créer un tirage de fou (oui, je sais, la critique est aisé et l'art difficile... Surtout quand on se retrouve à grimper avec une corde à simple pour cause d'oubli !).
Malgré mes efforts pour le réduire au maximum, arrivé quelques mètres sous le relais je ne peu plus bouger et doit redescendre !

Bruno me fait une fois de plus rêver avec son mental de guerrier  dans L8 qui propose une section vraiment très obligatoire !

   
On arrive enfin au pied du grand dièdre final... Il est déjà bien tard et on commence vraiment à être cassé !
Heureusement, la longueur suivante est bien plus facile et se déroule sur une rape à gruyère géante !


Bruno attaque la magnifique longueur du dièdre final en 6b+. Vraiment une longueur superbe sur un rocher aux formes extravagantes !

L10 superbe !
 Le soleil se couche et quand je rejoins Bruno, il fait nuit...

Magnifiques couleurs sur le lac de Plan
La fatigue accumulée et la perspective d'une descente en rappels complexe nous fait renoncer à la dernière longueur...

Effectivement, la descente va s'avérer longue et assez stressante avec pal mal de rappels deversants et déviés. La description faite dans le topo va d'ailleurs sûrement évoluer avec l'ouverture actuelle par Albert d'une autre voie un peu plus à gauche qui permettra une descente plus directe (depuis le relai situé au milieu de L9, ne pas faire un grand rappel comme noté, mais 2 petits pour arriver à R7 et de là, rejoindre la vire bivouac puis cette nouvelle voie...).

En tous les cas, une voie à ne pas prendre à la légère et la découverte d'une autre belle paroi où on a déjà hâte de revenir !

samedi 3 octobre 2015

Pégase, gorges de Galamus

Il y a plusieurs années, Bruno Colla m'avais parlé d'une voie, qu'il avait ouverte en compagnie de Philippe Lapalus alors que je n'étais  qu'un adolescent. Ouvrir en libre depuis le bas, se lancer dans ces conditions sur ce rocher raide et compact nécessitaient une bonne dose de courage et de motivation ! Cela lui avait laissé un souvenir marquant...

Nous avions prévu, comme souvent à cette saison, de nous rendre sur le versant espagnol de la chaîne, mais la météo annonçait un peu partout des précipitations, sauf dans les Pyrénées orientales... Bruno me propose alors d'aller visiter presque 20 ans après : "Pégase", et de revivre les grands moments d'émotions de cette ouverture (la pose de crochets, loin au dessus du dernier point, en moins...!). A priori, la voie n'a jamais connue de répétition et la deuxième longueur reste à libérer, il n'en faut pas plus pour finir de me convaincre !

On se rend dans les gorges de Galamus, un site superbe, sorte de mini Verdon, où la voie se situe sur une paroi cachée avec un accès pas évident si on ne connait pas (et même quand on connait c'est bien en mode sanglier !).

Un accès bucolique...
Après cette approche, pas très longue mais assez pénible, on arrive au pied de ce mur vraiment impressionnant !

Pégase se situe en plein milieu de ce mur
Même si la paroi ne mesure que 120 m, ce monolithe déversant et compact est intimidant...

La première longueur cotée 7b demande de compléter un peu l'équipement en place avec quelques coinceurs. L'éloignement entre les points en place est significatif et rend l'escalade vraiment obligatoire...


C'est une escalade très technique sur de minuscules prises, où il faut prendre son temps, et faire les bons choix pour ne pas se retrouver dans une impasse... A froid, pour une première longueur, je reste bien concentré histoire d'assurer le coup !


Pas facile de savoir où ça passe...
J'arrive au relais pas mécontent après un dernier pas engagé qui permet d'atteindre un bac puis de remonter une écaille facile.Ce n'est que le début de la journée et ma peau des doigts a déjà bien ramassé...

l'ouvreur en action presque 20 ans après !
La section finale toute en résistance avec le dernier pas engagé qui permet d'attendre le bac
La longueur d'après est le crux de la voie... A priori, à l'époque, ils avaient réussi à faire tous les pas mais l'enchainement reste à faire. Les souvenirs de Bruno sont lointains mais il lui semble qu'il y a une première section dure juste au dessus du relais. En effet, à peine décollé, je tombe sur une section très résistante ou les placements de pieds doivent être optimisés sous peine de ne pas arriver à tenir les prises...

Je me mets donc en mode repérage et calage de méthodes afin d'essayer d'être efficace au premier essai. Malheureusement, à faire et refaire les passages sur ces prises "rasoir", ma peau des doigts finie par rendre l'âme et je me "steacke" l'index... J'arrive à atteindre R2 après un bon pas de bloc puis une traversée finale les pieds à plats.  Malgré un strapp au bout du doigt, c'est trop douloureux...

Aïe...
Dans ces conditions, pas question de taper un essai sous peine de ne même pas arriver à sortir la corde... Je suis vraiment déçu car je suis sûr que ça peut faire...


Suite à mon repérage, Bruno réussi à enchaîner des sections mais s'octroie 2/3 repos... Aussi bien que dans sa jeunesse !


Attaque de la trav finale avec des trous pas super crochetants, le tout pieds à plats !
On choisit avec Bruno de laisser tomber ce plan pour quand même profiter des deux prochaines  longueurs (7b et 7a). Je laisse le maître, un peu ému, se lancer dans cette magnifique troisième longueur.



Le style est un peu moins "à la croute" avec quelques trous moins douloureux pour mes petits doigts...


Juste sous le relais, il faut en garder sous la pédale !

Je repars dans la dernière longueur de 7a. C'est raide mais ça ne dure pas et le dernier relais est en vue.


En deux grands rappels plein gaz, on regagne le sol.


Un superbe lieu à découvrir avec d'autres voies de caractère, plus abordables, de part et d'autres de Pégase. La deuxième longueur reste donc à libérer...Sûrement un bon 8a à l'ancienne... Avis aux amateurs à la peau de dinosaure !!!